Analyse d’image : FRANK BRAUNER

FRANK BRAUNER

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Les données de prise de vue

La photo a été prise à l’été 2008 (le 20 juillet)

Boîtier : Nikon D70
Objectif : Nikon AF S DX 18-70/3,5-4,5G IF-ED (le kit)
Les réglages : 18mm – f/10 – 1/2s – ISO 320


Yann Philippe : Pour quelles raisons as-tu choisi de faire cette photo ?

Frank Brauner : A l’époque, je possédais un Nikon D200 mais malheureusement ce boîtier n’était pas capable de shooter en IR. Le D70 est vraiment un bon appareil pour l’IR. L’objo quant à lui est OK.

Je conduisais sur les toutes petites routes de la campagne d’Aarau en Suisse, en direction de Bâle. Un paysage typique de la campagne et de l’agriculture traditionnelle. Sur la route, j’ai aperçu cette courbe visuellement attrayante. Je me suis dit que ce serait intéressant en IR car il y avait beaucoup de verdure attirante et bien sûr ces « courbes plaisantes » aussi 🙂
La plupart de mes photos se font sur le moment, selon les opportunités. Parfois je me trouve dans un environnement intéressant sans mon appareil, souvent j’y retourne plus tard avec un boîtier.

J’ai utilisé un trapied Manfrotto très stable, c’était obligatoire !
Je prends toujours deux photos d’une même scène. La première sans filtre pour cadrer l’image avec une balance des blancs normale, sur trépied. Ensuite, je visse le filtre IR (Heliopan RG 715) et je modifie la balance à l’aide d’un réglage pré-enregistré (une fois sauvegardé, ce réglage peut servir avec le filtre IR dans tous les cas de figure). J’expérimente toujours avec l’ouverture/la vitesse pour obtenir un bon résultat dans les conditions lumineuses du moment. Parfois je prends jusqu’à quatre images IR d’une même scène. MAIS : Il faut agit rapidement s’il y a du vent car les nuages se déplacent vite ! Tout l’enchaînement pour un même moment photographié (une prise de vue non-IR et x phoros IR), montage du filtre, démontage, modification des réglages, ne doit pas dépasser quelques minutes pour un résultat d’une seule image (après manipulation plus tard dans Photoshop). Le trépied doit être absolument immobile. Faites attention en changeant le filtre. Tout doit rester parfaitement en place. S’il y a un millimètre de décalage, vous pouvez recommencer à zéro.

C’est un peu l’expérience du terrain !


YP : Peux-tu nous expliquer tes choix esthétiques et ta démarche en post-production ?

FB : J’utilise Photoshop pour combiner deux images (jamais plus de 2). A la maison, je vois quelles sont les images qui conviennent le mieux. D’abord je charge l’image non-IR et je la traite légèrement (niveaux de contrastes, améliorations des ombres et lumières,…). Ensuite, je charge la photo infrarouge et j’effectue une inversion des couches rouge et bleue (la plupart du temps). C’est la méthode classique. Pour la photo en questions « Exploring Switzerland », cela n’a pas été nécessaire car j’ai d’emblée passé la photo IR en noir et blanc. Quoi qu’il en soit, je modifie en général la photo infrarouge pour cet usage précis et unique. Quand les deux photos sont correctement traitées chacune indépendamment, je passe à la partie superposition. Là c’est plus expérimental. La photo de base est celle IR, celle superposée la non-IR. Je les combine (les expérimentations sont vraiment les bienvenues à cette étape !), parfois en mélangeant seulement les couleurs de la photo non-IR, parfois en utilisant les modes de fusion de Photoshop (produit par exemple), les essais nombreux donnent les meilleurs résultats. A la fin, j’optimise le résultat final des photos compositées.

Et c’est tout.

La suppression de toutes les couleurs obtenues en IR a été décidée par l’envie de retrouver les verts originaux sur la belle texture produite en infrarouge. C’est toujours très expérimental ! Il n’y a aucun tour de magie artificiel dans mes images…


Analyse par les administrateurs du site Infrarouge.photo

Frank utilise avec brio une technique ingénieuse qui permet de combiner le meilleur de la luminance infrarouge avec les couleurs du spectre visible pour des rendus très poétiques. Son paysage utilise ici une palette réduite au niveaux de gris et à un camaïeu de verts. Les différentes lignes noires formées par la route sinueuse, les troncs flanqués de part et d’autre de celle-ci et la diagonale de l’horizon forment une parfaite composition. L’opposition du ciel menaçant et de la forêt sombre de l’arrière-plan contraste avec l’apparence douce et la quiétude qui se dégage du premier-plan. Une ambiance mystérieuse et une dualité soulignées par les différentes essences d’arbres présentes sur l’image. Googlez donc Frank Brauner pour visiter sa galerie online qui regorge de clichés usant de la même technique.

Interview traduite de l’anglais.