Une autre option de défiltrage est le “full spectrum” (ou “spectre complet”). L’opération consiste cette fois encore à retirer le filtre anti-IR présent devant le capteur (hot-mirror). Ce filtre est alors remplacé par une pièce de verre transparent et généralement dépourvu de propriétés optiques spécifiques : un filtre inactif (par exemple le Schott WG-280 ou BK-7 qui laisse passer les fréquences de 300 à 1000 nm mais dans le cas d’un défiltrage «maison», une simple pièce de filtre anti-UV pourra faire l’affaire pour de la photo infrarouge). Le boîtier sera alors capable de capturer à la fois le spectre visible mais aussi les infrarouges proches.
Sans filtre externe vissé sur l’objectif, le rendu des images tirera alors naturellement sur le rouge :
Cela peut être corrigé (dans une certaine mesure) par une balance des blancs adaptée. On s’aperçoit que les matières réfléchissant fortement les IR apparaissent plus lumineuses et présentent des couleurs inhabituelles. C’est le cas de la végétation :
Puisque votre appareil est alors capable de capter tous les rayonnements, la sélection de ceux-ci va se faire par l’intermédiaire de filtres vissés directement sur l’objectif! Et là vous avez l’embarras du choix puisque vous pourrez alors travailler à toutes les longueurs d’ondes possibles : 590nm, 720nm, 850nm etc, ou même des couleurs !
L’inconvénient, c’est que ces filtres sont généralement assez chers quand il s’agit de filtres de qualité et de grands diamètres (une centaine d’euros en moyenne pour du 77 mm). Il vous faudra même peut-être acheter certains filtres en double si vous comptez les utiliser sur des objectifs de différents diamètres! Ou bien acheter le plus grand diamètre possible et vous munir de bagues adaptatrices.
Le full spectrum vous donne la possibilité de continuer à faire des photos en spectre visible (= sans infrarouges) en vissant sur votre objectif un filtre anti-IR qui ne laissera passer que la lumière visible. Ceux-ci sont assez onéreux mais permettent de retrouver un rendu de couleurs « standard » et rendent alors votre boîtier extrêmement polyvalent (nul besoin de sortir avec deux boîtiers, l’un dédié à l’IR seulement, l’autre non).
L’utilisation de ce type d’appareil est à réserver aux personnes aimant fouiller régulièrement dans leur sac photo (pour changer de filtre) ou bien aux curieux désireux de tester toutes les longueurs d’ondes offertes par les différents filtres disponibles. La perte de la visée reflex pour le cadrage et la mise au point (dans le cas de l’utilisation d’un filtre IR externe) est tout de même un point très important à considérer avant de se lancer dans la conversion « full spectrum ». (voir notre article sur le comparatif matériel pour les avantages/inconvénients) De plus le transport de nombreux filtres est assez encombrant, leur vissage fastidieux (et parfois agaçant quand un filtre se coince – ce qui arrive malheureusement assez régulièrement). Il est également nécessaire de tenir un registre lors de ses sorties de shooting afin de se souvenir quel filtre a été utilisé pour quelle image sans quoi il sera difficile de reproduire un rendu qui nous a satisfait par le passé !
L’avantage indéniable du Full Spectrum est la possibilité d’étendre ses expérimentations IR à des gélatines ou à n’importe quel support capable de filtrer la lumière. On peut également combiner des filtres ; le champ des possibles est infini !